L'affaire Tapie - Crédit Lyonnais .


Je ne discute pas ici de l'opinion que j'ai de Tapie,
Je discute de ce qu'une banque propriété de l'Etat a  fait à son client .
Comment elle a tenté d'organiser son impunité,
Comment la justice a avalisé le principe .
Comment il a fallut 15 ans pour qu'il rentre dans ses droits ! 
Pensez que ça aurait pu vous arriver à vous !

 

Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais .
Episode 0 : Bernard Tapie se met la corde au cou sans le savoir ...

 

En juillet 1990, le groupe Bernard Tapie Finance  se porte acquéreur de la société Adidas .

Afin de financer cet investissement de 1,6 milliard de francs, il contracte un prêt syndiqué auprès d'un pool bancaire à majorité étrangère, et à minorité française, notamment avec la SdBO, filiale du Crédit lyonnais et banquier du groupe Tapie depuis de nombreuses années.

L'entreprise Adidas a été rachetée par le Groupe tapie pour une somme jugée peu élevée à l'époque, mais elle fait face  à plusieurs difficultés : elle affiche de lourdes pertes, souffre d'une image vieillissante, et contrairement à ses grands concurrents comme Nike ou Reebok, fabrique encore une part importante de sa production dans des pays à main-d'œuvre onéreuse, comme l'Allemagne, berceau du groupe.

Le groupe Adidas a donc besoin d'être restructuré pour redevenir profitable, et c'est le but de Bernard Tapie lorsqu'il en prend possession. 

Il s'agit de la restructuration d'un groupe important nécessitant d'y consacrer des moyens .

Bernard Tapie engage, de 1990 à 1992, les réformes lourdes et coûteuses qui vont permettre de redresser Adidas : sous-traitance, délocalisation ,modification  de la politique de distribution, et refonte du marketing .
Tapie accumule donc les dettes auprès du Crédit Lyonnais .
Les coûts de cette restructuration sont très élevés (en 1992, Adidas enregistre une perte de 500 millions de francs français). 
Bernard Tapie gère très bien la restructuration d'Adidas, et le groupe Adidas qu'il va se voir obligé de vendre  pour des raisons politiques approche du régime bénéficiaire .

Fin 92,la vente a lieu . 
Dès 1993, la société rachetée par Robert Louis-Dreyfus (et remise en état par Tapie) recommence à engranger des profits, pour la première fois depuis plus de dix ans.

 

Comment c'est passé la vente d'Adidas et des autres entreprises du Groupe ?
 

Bernard Tapie accepte la demande de Mitterand et décide de revendre l'intégralité de ses affaires pour se consacrer exclusivement à la politique.
Il va liquider son groupe industriel et transformer les liquidités restantes en un groupe financier .
Il signe pour cela deux contrats avec sa banque, la SdBO, partenaire depuis dix-sept ans, et filiale du Crédit lyonnais :

a) -un mandat de vente spécifique pour Adidas, fleuron du Groupe Tapie, et dont il fixe le prix de vente minimal très bas à 2,085 milliards de francs.
b) -un memorandum pour l'ensemble de ses autres affaires, qui prévoit la vente une à une de ses autres entreprises, le produit des ventes étant destiné par priorité au remboursement de la dette bancaire du groupe, le solde devant servir à lui constituer un fonds privé destiné à prendre des participations minoritaires (puisque étant Ministre il ne pouvait plus être majoritaire dans une entreprise) dans des entreprises jugées prometteuses.
 

Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais .
Episode 1 : Bernard Tapie se fait voler dans la vente d'Adidas ….


Fin 1992, Bernard Tapie devenu ministre souhaite vendre Adidas pour éviter tout conflit d'intérêt comme le réclame François Mitterrand.

Il confie un mandat de vente à une filiale du Crédit lyonnais.
Le Crédit Lyonnais vend Adidas pour le compte de Bernard Tapie en février 1993, au prix minimal fixé par Bernard Tapie, soit  472 Millions d'Euros d'aujourd’hui, et Bernard Tapie ne conteste pas la vente.
Ce n’est que plus tard qu’il apprendra que la banque a fait tout un montage opaque pour racheter  pour 472 millions d’euros une affaire qu’elle avait estimé à 800 millions d’euros !

Ce plan du Crédit Lyonnais comporte deux fautes répréhensibles par la loi :

-la faute au mandat, qui consiste à ne pas être loyal avec son client, en ne l'informant pas de la possibilité de vendre son affaire plus cher .

-l'interdiction pour le mandataire (la banque) d’acquérir elle-même le bien (Adidas) qu'elle est chargée de vendre pour le compte de son client (Bernard Tapie).
 

Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais .
Episode 2 : Bernard Tapie se fait ruiner par le CL, mais ne comprend pas "pourquoi" ?

Pour ruiner Tapie, le CL exploite honteusement le « memorandum » ..

Dans ce memorandum rédigé en 1992,il est stipulé deux conditions fondamentales : 
a) La sortie de bourse de Bernard Tapie Finance (propriétaire d’Adidas) .
b) L’acquisition par le CL de tous les titres de Bernard Tapie Finance.

La reprise par le Crédit Lyonnais de l'ensemble des titres de BT Finance, met du temps ;il faut en effet sortir l'affaire de la Bourse, et racheter tous les titres des minoritaires,or il en existe des milliers ; difficile dans ces conditions pour le Crédit Lyonnais de parvenir à racheter tous les titres en peu de temps ,or le CL est pressé,puisqu'il veut revendre l'afafire au plus tôt ...

En conséquence, la banque passe à un plan B : la mise en faillite de Groupe Tapie,car celle-ci permettra à la banque, en tant que premier créancier du groupe, de récupérer de fait tous les actifs du Groupe Bernard Tapie, dont les titres de BT Finance, sans avoir à attendre la sortie de la Bourse de la société puis le rachat de tous ses titres.

Mais pour cela, la banque doit commencer par casser le memorandum qu'elle a signé avec Bernard Tapie…
Le CL guette donc une faute,même « vénielle » de Bernad Tapie .
Celle-ci  intervient le 25 mars 1994...

Bernard Tapie ayant toujours mis sa caution personnelle sur le remboursement des dettes de son groupe, une expertise de ses biens, notamment ses meubles, est prévue dans le memorandum, celle-ci « devant être fournie », au plus tard le 24 mars 1994,et ce n’est pas fait … 
Le lendemain, 25 mars 1994, cette expertise n'ayant pas été fournie à la date limite, le Crédit lyonnais signifie par huissier à Bernard Tapie, sur la base de ce manquement, de manière unilatérale et irrévocable, la rupture de l'accord de mémorandum.

Pensant qu'il s'agit probablement d'un simple excès de zèle de la part d'une personne du service juridique de la banque, Bernard Tapie ne s'inquiète pas outre mesure, fait réaliser l'expertise demandée et la fournit à la banque 2 jours après la réception de la notification d'huissier.

Convaincu qu'il est impensable qu'un memorandum portant sur des dizaines de sociétés et des milliers d'emplois soit cassé pour un retard de 48h dans la fourniture d'une simple annexe au contrat, Bernard Tapie attend, en vain, que le Crédit Lyonnais lui signifie le bon retour à l'exécution du memorandum.

Sans nouvelle de la banque, il en joint la Direction qui, à sa stupéfaction, lui signifie que le memorandum est bel et bien cassé, et qu'elle ne souhaite en rien y revenir. Au contraire, en l'absence désormais de mise en application du memorandum, la banque estime devoir revenir aux accords précédemment en vigueur, qui prévoyaient des remboursement de dettes à des dates passées mais repoussées dans le cadre du memorandum

Le Groupe Bernard Tapie n'ayant pas encore vendu toutes ses sociétés, il ne dispose pas de la trésorerie nécessaire au remboursement de ces dettes rendues immédiatement exigibles avec la sortie de la banque de memorandum.

Loin de chercher à établir un nouveau plan de paiement avec le Groupe Bernard Tapie, comme le veut l'usage en pareil cas s'agissant d'une banque et d'un groupe industriel important, le Crédit Lyonnais l'assigne immédiatement en redressement judiciaire.

En seulement quelques semaines, le Groupe Bernard Tapie se voit prononcer successivement par le Tribunal de Commerce sa mise en redressement judiciaire puis très rapidement après sa liquidation judiciaire.

Bernard Tapie est par voie de conséquence mis en liquidation personnelle,puisqu’il s’était porté « caution » de son groupe .
Tous ses biens sont saisis sous l'oeil des caméras, sont hôtel particulier de la rue des St-Pères à Paris est mis en vente avec visite publique.

Cette afafire de liquidation forcée n’est pas claire ….La Polémique sur la mise en Faillite du Groupe Bernard Tapie

La brutalité de la rupture (un mémorandum portant sur plus d'un milliard de francs d'actif n'étant normalement jamais cassé irrévocablement pour un retard de 48h dans la fourniture d'une pièce non essentielle) ; et la vitesse de mise en liquidation (un groupe de plus d'un milliard de francs d'actifs et de plus de 5 000 employés ne se voyant jamais mis en liquidation immédiate sans mise en sauvegarde préalable ou recherche d'un plan de continuation) font douter de la légitimité de l'action du Crédit lyonnais, banque publique, et de celle du Tribunal de Commerce.

Le journaliste Airy Routier, pourtant auteur d'une biographie jugée sans complaisance à l'égard de Bernard Tapie, interroge début 2009 les juges ayant prononcé la faillite du Groupe Tapie en 1994, lors de l’émission Un jour, un destin : Bernard Tapie sur France 2 en juin 2009. Airy Routier rapporte qu'à la question « comment se fait-il que le groupe Tapie ait été mis en faillite avec une telle précipitation et sans prévoir aucun plan de sauvegarde ou même de continuation, fait tout à fait inhabituel pour des groupes de cette taille », les juges auraient répondu « avoir subi de très fortes pressions de leur hiérarchie pour prononcer la faillite immédiate du groupe Tapie ». Cette précipitation de la justice et ces pressions déclarées comme subies par les juges eux-mêmes constituent des arguments majeurs pour les défenseurs de la théorie de l'« assassinat politique » dans la mise en faillite de Bernard Tapie.

Tapie était donc tombé dans un double piège : L'Etat Mittérandien voulait sa peau politique ,car il commençait à devenir encombrant,et le CL voulait ses sous .....
Plus grave encore: ceux qui voulaient sa peau étaient des copains de ceux qui voulaient son argent ....
La proximité politique des dirigeants du Crédit lyonnais avec les dirigeants du PS ne pouvant être une coïncidence dans cette affaire : le président du CL ,Jean-Yves Haberer a été placé par les socialistes, et son successeur Jean Peyrelevade est un ami proche de Michel Rocard et ennemi politique proclamé de Bernard Tapie.
Afin que l'élimination soit complète (un homme populaire pouvant toujours influencer une élection sans se présenter), les dirigeants du Crédit lyonnais auraient été chargés de saper l'image de Bernard Tapie en  n'hésitant pas à désigner Bernard Tapie comme l'un des principaux responsables des pertes de la banque, pourtant abyssales (trois milliards d’euros environ),pertes essentiellement dues à des erreurs stratégiques de la Bnaque et certainement pas à l'affaire Tapie ....

Bernard Tapie ne manquera pas de relever lui aussi, sans que cela ne soit repris par les médias, que le Président du Tribunal de Commerce ayant prononcé sa liquidation judiciaire a été nommé quelques mois plus tard, par l'Etat...à la tête du CDR (l'organisme de défaisance du Crédit Lyonnais, ayant été créé pour récupérer les dossiers à risques du Crédit Lyonnais après la faillite de celui-ci).


Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais .
Episode 3 : Bernard Tapie comprend toute l’affaire ...  et c'est "machiavélique" ....

Ruiné, Bernard tapie s'intéresse de près à la vente d'Adidas réalisée pour son compte par le Crédit Lyonnais.
Il découvre que Le Crédit lyonnais a effectué un montage opaque par lequel la banque a revendu Adidas à deux sociétés offshore qu'elle contrôle ,puis qu’ensuite ,et comme cela avait été ptrévu dès le départ par le CL, Adidas est revendu à Robert Louis-Dreyfus pour près de 800 millions d’euros ,cad pratiquement deux fois le prix d’Adidas payé à Tapie .

A ce moment Tapie comprend pourquoi le CL l’a ruiné en le mettant en liquidation judiciaire .
La victime, ce n’est pas Bernard Tapie, mais Bernard Tapie – Finance .
Or Bernard Tapie Finance n’appartient plus à Bernard Tapie ; elle appartient maintenant au Crédit Lyonnais ….
Bernard Tapie n’étant pas juridiquement la partie lésée, il ne peut pas aller en justice contre cette vente frauduleuse !!!

Pour s’en sortir il reste la possibilité d’agir « par la bande »,via les petit porteurs lésés .
Ceux –çi sont directement lésés par cette vente et peuvent légalement aller en justice .
Ils y vont, et Tapie s’accroche aux wagons ….

La procédure va durer 15 ans !!!!