Fausses bulles .
 

Une bulle présente des différences fondamentales avec deux autres phénomènes qui causent des prix élevés :

Le Squeeze.

le « squeeze »
 (« pression ») , en franglais , est une situation accidentelle de déséquilibre entre l'offre et la demande qui amène, pour des raisons techniques (nécessité de livrer des actifs avant une certaine date, par exemple), les vendeurs "à découvert" à acheter quel que soit le prix,puisqu'ils doivent matériellement donner ce qu'ilos ont vendu sinon ils sont en taule  .

On est pas tout à fait dans le cas de la Bûche de Noël,parce que les prix peuvent monter ici très fort,très très fort même ,mais par contre on est un peu dans le cas de la bûche de Noël quand même ,parce qu'il y a un jour précis de clôture : les titres doivent être achetés pour le 15 ou le 30 ,et le lendemain ,tout le monde sait que la valeur du titre sera la valeur initiale à peu de choses près .

Donc en cas de Squezze,  tout le monde sait que :
1° les titres ne vont pas cesser de monter .
2° jusqu'à ce que chaque vendeur ait son quotat de titre.
3° et le dernier les aura de toutes façons avant le 15 ou le 30,
4° et dès que le dernier aura ses titres,le cours va s'effondrer ,avec retour à la normale à peu de choses près  . 


Le Corner ...

Le Corner .... C'estv tout à fait différent .... Non seulement c'est très risqué parce que très difficile à jouer,mais aussi c'est très risqué juridiquement : on peut très bien valser en taule si on sait prouver l'affaire ....

Le Corner de Porsche sur VW est très récent et très célèbre :

En 2008, l’action Volkswagen voit sa valorisation multipliée par cinq en deux jours.
A l’origine de cette flambée, un « corner », un phénomène boursier rare, qui a fait gagner des milliards à Porsche et perdre encore plus à des fonds spéculatifs.
Les 28 et 29 octobre 2008, en deux jours seulement, le cours de l’action Volkswagen était multiplié par cinq, et le groupe devenait la première capitalisation mondiale (318 milliards d’euros), devant Exxon (270 milliards d’euro) et loin devant Microsoft et General Electric (315 milliards d’euros à eux deux). Porsche, actionnaire majoritaire de VW faisait le coup du siècle en empochant 6 milliards d’euros. Pour les nombreux hedge funds (fonds spéculatifs) qui s’étaient risqués à vendre le titre à découvert (cad vendre des titres qu’ils n’avaient pas mais qui avaient atteint un très haut taux) , les pertes ont été estimées à près de 30 milliards d’euros.

A Wall Street, un corner, c’est un moyen à la limite de la légalité, mais susceptible de réaliser d'énormes profits.
Cela consiste à organiser une pénurie de titres et de stimuler la hausse d’une façon ou d’une autre .
L’action vaut de plus en plus .
De gros investisseurs achètent à un prix exorbitant ce qui hier ne valait pas grand-chose en espérant que le titre vaudra plus encore quand ils l’auront réellement en main .
Mais l’augmentation du prix est « du bidon » ,du pur « bidon » . L’action ne vaut réellement rien de plus .
Quand tous ceux qui veulent acheter des actions ont vidé leurs poches ,et qu’il n’y a plus un sous à voler, les titres réapparaissent mystérieusement sur le marché, les prix s’effondrent…. Mais les promesses d’achat (à des taux exorbitants) demeurent …..

Le « corner »est considérée dans la plupart des pays comme un abus de marché, un délit passible de sanctions…. Néanmoins il existe … et si Porsche a fait le coup, c’est que le coup est juridiquement jouable quand on s’y prend bien ….


Au départ, depuis plusieurs mois déjà, Porsche voulait prendre le contrôle de VW .
Le dimanche 24 octobre, Porsche annonce qu’il détient effectivement 42,5 % de VW + 31.6 % de VW en option d’achat ,tandis que l'Etat régional de Basse-Saxe en détient 20%.
Il ne reste plus que 6% du capital en «flottant», c'est-à-dire disponible sur le marché boursier.
C’est là que les fonds spéculatifs entrent en jeu.
Beaucoup d'entre eux sont spécialisés dans la vente à découvert, une stratégie qui consiste à vendre à un taux déjà bas des actions qu’ils n’ont pas, ce qsui fait encore plus baisser l’action, et en fin de partie ils rachèteront (ici j’imagine)pour 3 franc 50 ce qu’ils ont vendu à un Peyo pour 75 fr alors que l’action valait au départ 100 fr

Sur Volkswagen, la stratégie des Hedges Funds était simple : ils avaient parié sur le fait que Porsche suspendrait sa campagne de rachat aussitôt le seuil des 51% atteint, car le groupe ne pouvait lancer une OPA (acquisition de la totalité du capital), la Land de la Basse-Saxe, actionnaire de 20% du groupe souhaitant rester dans le capital de Volkswagen.
Ils ont donc misé sur la baisse du titre en prenant des positions de vente à découvert
Lorsque Porsche annonce le dimanche contrôler 74,1% de Volkswagen, c’est donc un véritable choc pour les hedge funds. Certains opérateurs se sont même mis à redouter que Porsche n’en vienne à orchestrer le rachat des minoritaires (cad des 6% restant en circulation) et donc le retrait de la cote pure et simple.
Pris de court, les hedge funds ont donc joué à la baisse alors que l’affaire part (frauduleusement) à la hausse ..
Ils doivent donc acheter le lundi suivant à tout prix des titres ,mais devant la pénurie de titres disponibles sur le marché, l'action Volkswagen a flambé.
L’action Volkswagen, qui clôturait à 211 euros le vendredi, est montée après l’annonce du dimanche jusque 1000 euros le mardi ….
A l'ouverture mercredi, son cours était divisé par deux ….
Mais à côté des spéculateurs vereux (qui étaient dans la combine) , il y a eu aussi les sociétés qui s’engagent a tirer le maximum de bénéfice en bourses et devant l’augmentation invraisemblable de VW se sont mis eux aussi à acheter du VW qui montait donc « tout seule » cette fois .
Mais pour acheter il faut vendre … sinon on a pas d’argent …
Donc ces sociétés ont vendus de « bonnes actions » pour acheter des « actions vérolées »
Ce qui est la cause d’un gouffre financier dans les Hedges Funds plus grand que le tas récolté par Porsche …
En comparaison, on a mis le feu à la forêt pour vendre du charbon de bois .... 

Pour Porsche,le bénéfice est de 6 milliards d’euros. C’est six fois le résultat net du groupe. Joli pactole également pour Jochem Heizmann, le directeur de la production de la compagnie allemande, qui selon un communiqué légal du groupe, aurait empoché plus d'un million d'euros, en vendant 2000 titres Volkswagen à la fin du mois d'octobre, soit un montant par action de 537, 93 euros.
L’histoire s’est bien terminée pour Porsche et Volkswagen. Mais elle aurait pu tourner au cauchemar. Car au petit jeu des « corners », les joueurs ressortent le plus souvent au tapis. C’est d’ailleurs pour cela car cette pratique est interdite dans la plupart des pays. Entre 1992 et 1995 un cadre supérieur de Sumitomo, Yasuo Hamanaka, avait tenté un corner sur le marché du cuivre. L’entreprise Sumitomo aurait perdu 2,6 milliards de dollars dans l'affaire et Hamanaka a été emprisonné.
La pratique des corner ne date pas d’hier et a déjà fait de très nombreux heureux,mais surtout beaucoup de malheureux .
C’est une partie très difficile à jouer : il faut d’énormes capitaux et une sérieuse crédibilité .
La crédibilité doit être d’autant plus sérieuse qu’on ment fort .
Parce qu’on peut être pris à son propre piège,et quelqu’un peut très bien acheter à son compte les titres que vous vous êtes engagés à vendre .
Le lendemain vous ne trouverez plus les titres sur le marché,il faudra négocier avec le nouveau bandit ….

Un exemple :
L’affaire Cornelius Vanderbilt. La société exploitait une ligne de chemin de fer.
Les membres du Conseil à New York avaient décidé de révoquer la licence d’exploitation de cette ligne, et privé de cette licence, ils pensaient que l’entreprise coulerait. Ils ont donc vendu à découvert l’action de la société.
Mais pour soutenir les cours, Vanderbilt qui avait une fortune « sur le côté » a acheté des actions en masse, provoquant une pénurie d’actions.
Quand il n’y a plus eu d’actions sur le marché, il a proposé aux membres du conseil de couvrir leurs positions vendeuses avec de faibles pertes, mais à condition qu’ils rétablissent la licence d’exploitation de la ligne….
En fait il aurait pu exiger ce qu’il voulait ; le Conseil avait vendu des actions qu’il n’avait pas et si il ne les donnait pas ils valsaient en prison ...

 


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