Lernout et Hauspies .



Généralités .

L’histoire de Lernout & Hauspie paraît bien lointaine (2000) ,pourtant, il s’agit sans aucun doute de la plus grande escroquerie financière qu’ait connue la Belgique depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Au départ, il y a deux hommes, Jo Lernout et Paul Hauspie, tous deux issus de la Flandre-Occidentale. 
A la fin des années 80, ils décident de fonder une entreprise spécialisée dans la technologie vocale,
un marché qui s’annonçait prometteur.
Les deux fondateurs espéraient pouvoir commander « tout » grâce à la voix : la voiture, la cuisine, l’ordinateur …
La folie informatique est alors totale ; la bulle Internet n’a pas encore explosé et les fonds affluent .
Des fonds locaux d’abord (des fonds essentiellement flamands, car la Flandre veut prendre le succès de Lernhout et Hauspies comme étendard de la haute technologie flamande…
Les « return » sont en outre tels que des particuliers vendent tout ce qu’ils ont pour investir dans le titre ,un titre qui,parti de rien va atteindre des sommets à 70 euros,puis  va passer en quelques jours de 70 à 0.1 euros …

Les concepteurs y croient ….

Jo Lernout et Pol Hauspie ont des débuts difficiles. 
L'entreprise est fondée en 1987. C’est  Jo Lernout qui a l'idée d'un système permettant de commander, par la voix, des serveurs téléphoniques renvoyant des réponses préenregistrées,tandis que c’est Hauspies qui gère les finances .
Les deux fondateurs font de gros sacrifices pour financer leur affaire ; Lernout se sépare de sa maison et Hauspie revend la petite société de logiciels qu'il possédait.
Puis soudain, c’est le décollage à la verticale .


La société a pignon sur rue .

Parallèlement a sa croissance L et H sert de leader ship pour le développement de toute une zone de petites sociétés à hautes valeurs technologiques, le tout sous le haut patronage de J.Luc de Haene,ex Premier Ministre …
Pour la flandre,Ypres devient la "Silicon Valley"....


Les produits :

  • Un logiciel pour frapper le texte dicté .
  • Un logiciel « moteur de recherche » à partir de texte vocal lu par le client .
  • Un logiciel lecteur vocal de texte écrit .

 

D’où vient l’argent ?

De « partout » :

  • Les petits investisseurs.
  • Des syndicats flamands (qui outre la participation y vont d'une garantie d’emprunts)  .
  • La région flamande .
  • L’Europe .
  • Microsoft  elle-même !!!

 

La société devient internationale .

L&H, dont le siège se trouve à Ypres, va croître très vite grâce à des acquisitions dont la société américaine Dictaphone.

En 1995, L&H fait son entrée sur le Nasdaq. 
Avec sa plus value rapide, elle achète à tour de bras des sociétés du même type .

La société passe en peu de temps de 50 à 5.000 employés .

La Bourse :

Fin 1995, l'entreprise est introduite sur le Nasdaq en dépit de sa piètre situation financière (mais ce n'était pas exceptionnel à l'époque) . 
Les perspectives prêtées au marché de la reconnaissance vocale par la plupart des analystes viennent compenser la faiblesse du chiffre d'affaires (quelques millions de dollars) et l'accumulation des pertes. 
Au fil des années, les revenus progressent…

La capitalisation boursière de L&H est montée jusqu’à 10 milliards de dollars.
Microsoft s’y est engagé à hauteur de 10 % .
Quand viendront les temps mauvais, l’action, qui avait atteint 72 dollars se retrouve pratiquement à zéro .

 La chute .


C’est des USA que vient le vent mauvais .
Le "Wall Street Journal" révèle au début de l’année 2000 que l’entreprise gonfle artificiellement son chiffre d’affaires( au cours des deux premiers trimestres de l’année 2000, entre la moitié et les 2/3 du chiffre d’affaires (soit 140 millions de dollars) sont fictifs et auto gonflés )…

Le gonflement du chiffre d’affaires se faisait notamment via des sociétés périphériques qui achetaient des licences à la société yproise sur base des ressources que celle-ci leurs avait elle-même apportées directement ou indirectement juste avant .

Peu de temps après une 2° affaire éclate : il manque 100 millions de $ des comptes en Asie ….

Peu de temps encore et une 3° affaire … les sous ont disparu… tout simplement parce qu’ils n’avaient jamais existé ….

Fin 2000,la SEC, l’autorité boursière américaine, et la Belgique d’autre part entament une enquête. 
Fin 2001 ,la société est en faillite .
Des milliers de Belges ont tout perdu ; certains avaient tout vendu pour acheter des L et H……

Les premières inculpations tombent en 2002. 
Elles visent, outre les deux fondateurs, le réviseur ,et la banque Dexia .

Le verdict tombe de trois ans plus tard après 20 mois de délibération. 
La Cour d’appel de Gand rend sa décision dans un jugement de 2 000 pages qui ne sont tendres pour personne mais …... elle acquitte pour manque de preuve KPMG et Dexia, qui ne sont toutefois pas sortis totalement indemnes de cette affaire puisqu’ils avaient accepté de payer respectivement 115 et 60 millions de dollars pour faire cesser des poursuites aux Etats-Unis. ...


 

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