Désinformer (1) .
Désinformer en disant "la vérité" .



Principes de base :

  • L'opinion publique constitue un élément fondamental pour la stabilité ou l'instabilité du système politique .
  • Dans une société médiatique, l’opinion publique se forme jour après jour par le biais du bombardement continu des informations reproduites dans les medias .
  • La vérité est ce que les médias proposent comme vérité .
  • Ce qui n’est pas reporté par les medias n’existe pas.
  • Le contrôle des medias doit être sévère mais tout à fait invisible , ceci à fin de conserver la crédibilité de l'information ,au besoin même,il est de bon ton de laisser survivre un ilôt de "parler vrai" dans un océan de manipulation .
    Le meilleur exemple en est je crois "Les Guignols de l'info" sur Canal + ,dont l'allégence au gouvernement n'est plus à démontrer ...
  • Les médias ont trois maîtres :
    • Leur propriétaire ainsi que les banques et groupes financiers "derrière" .
    • Leurs sponsors publicitaires et/ou politiques .
    • Leurs clients effectifs (lecteurs,auditeurs...).


Comment se fait la désinformation ?

Elle peut se faire de trois façons différentes :

  • Incompétence réelle du journaliste qui évoque la situation,qui la biaise et la déforme sans s'en rendre compte,ou qui comme celà se voit de plus en plus souvent se borne à la reproduire sans chercher à la disséquer .
  • Facilité du journaliste tout content de voir tomber du ciel un reportage parfait, clé en main , qu'il pourra ensuite vendre très cher sans fort chercher à comprendre d'où provient cette manne céleste .
  • Manipulation proprement dite du journaliste en toute connaissance de cause .

A quel niveau se fait la manipulation ?

La manipulation peut se faire à tout niveau .
Le premier niveau est les "agences de presse" . Bon nombre de journaux,surtout les journaux "gratuits" ne font que reproduire les dépèches d'agence .
Or les dépèches d'agence ne concernent que moins de 10 % des infos parvenant à une agence .
Il y a donc un premier tri par "sélection" .
Il y a ensuite un deuxième tri par "la qualité de rédaction de l'article" ...

La manipulation dans les journaux .

Plusieurs points doivent être envisagés :

  • Le choix du journal (le Monde , Les Sports, le Monde du Pétrole  ....).
  • Le choix de la page .
  • La place dans la page .
  • L'environement dans la page .
  • Le contenu, et les illustrations .

1° Choix du journal :

Le choix du journal défini à la fois le nombre de lecteurs potentiels,mais aussi de la crédibilité que l'on va accorder à l'article .
Si dans "Madame Figaro" on dit que le Pétrole va augmenter , l'impact sera tout à fait différent que si ce même article est produit par "Le Monde du Pétrole" .

  • L'un aura plus de lecteurs "directs" ,mais personne n'osera le relayer de peur de reproduire une absurdité .
  • L'autre aura moins de lecteur mais sera perçu comme "parole d'Evangile" et sera reproduit ensuite dans différents journaux,et aura donc plus de lecteurs "indirects" .


2° Choix de la page dans le journal :

  • La première page est bien sur la plus prestigieuse .
  • Ensuite viennent les pages "impaires" (elles sont toujours considérées comme plus prestigieuses parce que plus facilement accessible à la lecture ,et à ce titre d'ailleurs un signe ne trompe pas : la publicité y est plus chère...) .

3° Choix de la rubrique :

  • Il y a quantité de rubriques dans un journal : International,national,local,etc ...
    L'emplacement d'un même article dans une rubrique va à la fois conditioner son nombre de lecteurs et l'importance relative que les lecteurs y verront .

    Si on dit en dernière page et dans un petit article que le pétrole va monter,personne ne le lira ou personne ne le croira ...

4° Choix de l'empacement dans la page :

  • L'emplacement le plus lu dans une page est l'angle supérieur droit .
  • L'emplacement le moins lu est le bas de page inférieur gauche .
  • Un bon ou un mauvais voisinage peut tout changer à la lisibilité d'un article : un article périphérique "attractif"  ou "repoussant" peut tout changer au fait que l'article considéré soit lu ou non .
  • De même , le voisinage conditionne comment un article sera perçu .
    Prenons l'exemple d'un homme politique coincé dans une "affaire" : si il est le seul homme politique de toute la page à être coincé dans une affaire,c'est "très grave",mais si sur la même page il y a toute une série d'affaire nationale ou internationale du même genre,la même affaire se dilue complètement dans la masse sous le vocable "tous pourris", mais sans faire le détails entre les affaires elles-mêmes .
  • De la même façon,un article traitant d'une répression policière féroce d'une manifestation sera pris comme "tout à fait acceptable" si il est entouré d'articles sur les émeutes de banlieues ;l'amalgame "manifestation- émeute" étant "vite fait" ...



5° Façon de rédiger le texte :

Le mode de rédaction d'une dépèche  est capital et peut changer l'affaire du tout au tout.
Quelques principes de base :

  • Plus l'affaire est complexe (en particulier les affaires de malversations comptables et d'abus de biens sociaux ) ,
    plus on donne de détails,et moins l'affaire est lue et surtout retenue par le grand public .

  • Si il y a moyen d'embrayer sur le "sexe",toute l'affaire filera sur "le sexe" à l'exclusion de toute étude sur le fonds.
    Par exemple si on apprend qu'un homme politique a une maitresse qui s'avère être une espionne,l'intérêt du public ira vers les mensurations de la dame et non sur ce que la dame a bien pu apprendre de très intéressant ....

6° Les photos et graphiques d'accompagnement :

Une bonne photo "vend"  l'article".
Dans les journaux professionels,les graphiques remplacent les photos ....

7° Choix des titres et sous titres :

Bien souvent les gens ne lisent que les titres et sous titres .
Un bon (mauvais) choix de ceux-çi peut faire dire pratiquement ce qu'on veut à un article dont par ailleurs le reste du contenu est irréprochable ....

8° La décontextualisation :

Le contexte d'un article,c'est son cadre historique,économique,social,culturel .
En ométant le contexte,on sait changer complètement une fois encore le sens de l'article .
Si on dit par exemple que les SDF de Californie n'ont pas de moyens de chauffage , pour les 9/10° des gens ça va faire sourire .
Si on dit que à cette époque de l'année la température est la nuit proche de "zero", le même article prend une toute autre valeur ...


Les mots pour le dire .

Ici encore plusieurs techniques plus ou moins subtiles et adressées à des lecteurs-auditeurs différents :

1° Le Ton général

L’usage d'un ton triomphaliste, péjoratif ou de condamnation unanime, présentant comme indiscutable l'évaluation positive ou négative d'un fait peut réduire à néant tout doute ou débat quant au problème.

Une autre manière plus subtile de discréditer certaines initiatives repose sur l’emploi des guillemets. Non pour retranscrire une déclaration comme nous verrons dans le point sur "les sources d'information" mais pour mettre en doute un terme ou un fait.
Exemple type : .... selon les "experts" ...., ne veut pas dire la même chose que : ....selon les experts......


2° Les mots magiques .

Les mots magiques ont une grande importance dans les articles .

Prenons l'exemple tout à fait insignifiant du mot "travailleur" ou du mot "salarié" .
Ces deux mots peuvent apparaitre interchangeables dans un article traitant du taux de chômage par exemple .
Il n'en est rien :

  • "Travailleur" sous entend un travail à fournir .
  • "Salarié" sous entend un salaire à percevoir .

  Bon Pas Bon
Général
  • Développement
  • Croissance
  • Progrès
  • Liberté
  • Avenir
  • Enfants
  • Santé
  • Nature
  • Atteinte à l'écosystème .
  • Développement effréné
  • Polution
  • Dettes
  • Obligations

 

Economie
  • Libre échange
  • Compétitivité
  • Protectionisme
  • Chômage
  • Inflation
Politique
  • Modérés
  • Union
  • Radicaux
  • Dissidents


3° Les associations de mots

Très en vogue actuellement ,de façon à ce que la mention d'une seule des deux paroles finisse par évoquer automatiquement l'autre :

  • "des jeunes radicaux"
  • "des jeunes violents"
  • "des jeunes des cités"


4° Les expressions orientées :

Même en ne disant rien,on peut dire quelque chose .

Par exemple en terminant un article sur une manifestation où rien ne c'est passé on peut très bien dire :  "Il n'y a pas eu d'incident";  ce qui est vrai,mais ce qui sous entend que d'habitude il y a des incidents ...
Ceci confère subtilement une image violente à certains mouvements de masse ainsi qu'à certains groupes ou collectifs.

5° Les mots pour se couvrir :

Très important à notre époque : la "couverture" .
La plus employée est l’expression: "Sources bien informées" qui est le plus souvent utilisée pour donner crédit à des informations extraites de sources qu'on ne peut ou ne veut divulguer, de sources suspectes, de rumeurs ou d'informations directement inventées.

6° Des chiffres pour ne rien dire :

Les chiffres tout comme les photos ont l'apparence de l'objectivité .
Il n'en est rien .
A tout moment il faut vérifier si on ne parle pas de choses différentes avec les mêmes mots ou de choses identiques avec des mots différents . 

En Russie soviétique par exemple,il n'y avait pas de chômeurs,mais il y avait des "hooligans" ...

En Belgique il y a près de 10.000 entrées en prison par an .
Ca ne veut pas dire qu'on arrête 10.000 personnes,ou même qu'il y a 10.000 détenus,ça veut seulement dire qu'il y a 10.000 détenus qui passent la grille d'entrée de la prison cad :

  • Les va et vients d'une prison à l'autre
  • ls sorties pour raisons médicales
  • les sorties pour raisons d'enquête....

 Par ailleurs , tout un chacun sait qu' il suffit de changer l'échelle pour transformer une courbe relativement constante en montagne russe ...